Ressources

Guides et outils

Le Guide de la Voix – Tout ce qu’il faut savoir pour comprendre et préserver sa voix : https://www.lacsq.org/wp-content/uploads/2021/06/2021-196_GuideTroublesVoix_FINAL_WEB3.pdf

Podcasts

Podcast Parlons Voix ! 
La toute première production de l’initiative Parlons Voix ! 

Le podcast Parlons Voix est un voyage à travers les multiples visages de la voix. Chaque épisode explore la voix dans tous ses états : outil de communication, miroir de soi, instrument parfois fragile. Voix cassée, voix retenue, voix projetée – un parcours sonore mêlant récits, témoignages et éclairages scientifiques. 

Un jeune acteur à la découverte de sa vocation, une professeure confrontée à une paralysie vocale soudaine, un podcasteur introverti qui ose enfin se faire entendre, un comédien qui donne vie à des voix monstrueuses… Autant de voix, autant d’histoires, pour mieux comprendre ce qui se joue quand la voix vacille, se transforme… ou se libère. Embarquez pour cette traversée sensible et sonore, là où chaque voix mérite d’être entendue ! 

L’équipe de Parlons Voix remercie tout particulièrement Fred Rioux, Adel Rouine, Rachel Bouvet, David Mendes et Sébastien Croteau dont les voix, les idées et la présence ont résonné bien au-delà des mots, éclairant ce voyage sonore de leur humanité vibrante.

Le podcast est disponible en vidéo ou en audio sur les plateformes suivantes :

Pour chaque épisode, un texte d’accompagnement est disponible pour les curieux : 

Podcast Parlons Voix

6 Videos

Balado Voix Santé vocale et orthophonie :  La saison 1 consiste en 10 épisodes sur la santé vocale de professionnel.le.s en milieux scolaire et de la petite enfance (PMSPE). La saison 2 aborde plus largement la voix en orthophonie et les pistes d’intervention possibles.

Balado Chanter en santé : Une exploration du chant sous toutes ses formes. Deux orthophonistes discutent avec des artistes et des intervenant.e.s qui gravitent dans le milieu du chant et qui ont à cœur la santé vocale. Ce projet est réalisé grâce à l’appui du Labo IV et des fonds Dialogue des FRQS.

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Épisode 4 – La voix déchaînée : saturations, chaos et métamorphoses

Cet épisode sera disponible prochainement ! :-) 

Quand on pense à la voix, on imagine souvent un moyen de communiquer au quotidien – une parole claire, harmonieuse, contenue. Pourtant, les capacités vocales humaines vont bien au-delà. Sébastien Croteau, growler et acteur vocal dans l’industrie du jeu vidéo et du cinéma, nous emmène dans l’univers des voix extrêmes : des cris saturés, des distorsions maîtrisées, des textures vocales qui évoquent autant les monstres que la puissance brute du corps humain.

Notre voix ordinaire n’exploite qu’une infime partie de notre potentiel vocal. Explorer ses extrêmescrier, saturer, distordre -, c’est repousser les limites de l’expression, reconnecter le corps à l’émotion brute, et redonner à la voix sa dimension instinctive, viscérale, primitive. Car la voix humaine n’est pas seulement faite pour parler : elle est aussi faite pour hurler, grogner, vibrer, et créer des mondes.

Les « voix saturées » ou « distorsions vocales » sont des techniques vocales spécifiques, longtemps considérées comme nuisibles, mais désormais reconnues comme artistiques et maîtrisables. Utilisées notamment dans le métal ou le doublage de créatures, elles reposent sur des mécanismes physiologiques distincts des voix dites classiques. Par exemple, les growls et screams exploitent les bandes ventriculaires, l’épiglotte ou les cartilages aryténoïdes pour produire des sons rauques, sans forcément abîmer les plis vocaux – à condition d’être bien formé. Des recherches récentes documentent ces mécanismes, démontrant qu’un usage sain et contrôlé est non seulement possible, mais artistiquement riche (Lee et al., 2025 ; Aen et al., 2020 ; 2024 ; Guzman et al., 2019).

Le cerveau humain est sensible aux sons discordants et saturés – tels les cris humains, les sirènes de pompiers ou les systèmes d’alarme – et y réagit instinctivement en les interprétant comme des signaux d’urgence. Ils sont perçus comme des alertes et activent l’amygdale — une région cérébrale associée à la peur et à la vigilance (Arnal et al., 2015). Les pleurs de nourrissons, eux aussi, présentent souvent des phénomènes non linéaires dus à des vibrations apériodiques des plis vocaux, ce qui génère une raucité caractéristique. Cette raucité augmente avec le niveau de détresse. Lorsque la détresse est très élevée, on observe aussi un pic soudain de la fréquence fondamentale. Des études de perception montrent que les adultes interprètent ces variations acoustiques comme des indices du niveau de douleur ou de détresse du bébé (Lockhart-Bouron et al., 2023 ; Wang et al., 2025). Dans un groupe social (chez les macaques comme chez les humains), les appels trop prévisibles peuvent être ignorés – mais si le cri devient imprévisible, saturé, chaotique, cela force l’attention de l’auditeur. L’imprévisibilité est ici une stratégie : un cri “chaotique” est plus difficile à ignorer, car il empêche le cerveau de s’y habituer ; certains cris seraient conçus pour casser la routine auditive et donc assurer une réponse, même chez un auditeur désengagé ou habitué (Fitch et al., 2002).

Des études en neurosciences montrent que dans les premières secondes de l’écoute, notre cerveau évalue rapidement si un son est vivant ou non, puis s’il est humain (Belin et al., 2000 ; 2004 ; Harford et al., 2024). Cette capacité repose sur l’analyse fine d’indices vocaux, tels que la qualité vocale, la modulation ou la dynamique spectrale du signal acoustique. Or, les voix artificielles ou synthétiques échappent souvent à ces indices subtils, ce qui limite leur capacité à susciter une réponse empathique ou à être perçues comme authentiquement humaines (Englert et al., 2016 ; Schreibelmayr & Mara, 2022 ; Skjegstad, 2024).

Les réactions instinctives aux sons saturés ou discordants – ancrées dans notre biologie – ont un impact bien réel sur la manière dont nous percevons certaines voix, y compris celles marquées par une pathologie ou une atypicité. Il est essentiel d’en prendre conscience : notre cerveau peut réagir par méfiance ou malaise face à une voix altérée, simplement parce qu’elle s’éloigne des normes acoustiques rassurantes. Pourtant, ces voix méritent d’être entendues, reconnues, et comprises. Dépasser ce réflexe, c’est faire un pas vers plus d’empathie, d’inclusion, et de reconnaissance de la diversité vocale humaine.

Références citées :

  • Aaen, M., McGlashan, J., & Sadolin, C. (2020). Laryngostroboscopic Exploration of Rough Vocal Effects in Singing and their Statistical Recognizability: An Anatomical and Physiological Description and Visual Recognizability Study of Distortion, Growl, Rattle, and Grunt using laryngostroboscopic Imaging and Panel Assessment. Journal of voice : official journal of the Voice Foundation34(1), 162.e5–162.e14. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2017.12.020

  • Aaen, M., McGlashan, J., Christoph, N., & Sadolin, C. (2024). Extreme Vocal Effects Distortion, Growl, Grunt, Rattle, and Creaking as Measured by Electroglottography and Acoustics in 32 Healthy Professional Singers. Journal of voice : official journal of the Voice Foundation38(3), 795.e21–795.e35. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2021.11.010
  • Arnal, L. H., Flinker, A., Kleinschmidt, A., Giraud, A. L., & Poeppel, D. (2015). Human screams occupy a privileged niche in the communication soundscape. Current biology : CB25(15), 2051–2056. https://doi.org/10.1016/j.cub.2015.06.043
  • Belin, P., Zatorre, R. J., Lafaille, P., Ahad, P., & Pike, B. (2000). Voice-selective areas in human auditory cortex. Nature403(6767), 309–312. https://doi.org/10.1038/35002078
  • Belin, P., Fecteau, S., & Bédard, C. (2004). Thinking the voice: neural correlates of voice perception. Trends in cognitive sciences8(3), 129–135. https://doi.org/10.1016/j.tics.2004.01.008
  • Englert, M., Madazio, G., Gielow, I., Lucero, J., & Behlau, M. (2016). Perceptual Error Identification of Human and Synthesized Voices. Journal of voice : official journal of the Voice Foundation30(5), 639.e17–639.e6.39E23. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2015.07.017
  • Fitch, W. T., Neubauer, J., & Herzel, H. (2002). Calls out of chaos: The adaptive significance of nonlinear phenomena in mammalian vocal production. Animal Behaviour, 63(3), 407–418. https://doi.org/10.1006/anbe.2001.1912
  • Guzman, M., Acevedo, K., Leiva, F., Ortiz, V., Hormazabal, N., & Quezada, C. (2019). Aerodynamic Characteristics of Growl Voice and Reinforced Falsetto in Metal Singing. Journal of voice : official journal of the Voice Foundation33(5), 803.e7–803.e13. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2018.04.022
  • Harford, E. E., Holt, L. L., & Abel, T. J. (2024). Unveiling the development of human voice perception: Neurobiological mechanisms and pathophysiology. Current research in neurobiology6, 100127. https://doi.org/10.1016/j.crneur.2024.100127
  • Lee, Y., Tanaka, M., Kato, H., Nakagawa, T., Ishikawa, S., & Kaburagi, T. (2025). Analysis and Categorization of Various Types of Vocal Distortion in Rock, Metal, Pop Styles, and Throat Singing Observed by High-Speed Digital Imaging. Journal of voice : official journal of the Voice Foundation, S0892-1997(24)00424-7. Advance online publication. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2024.11.041
  • Lockhart-Bouron, M., Anikin, A., Pisanski, K., Corvin, S., Cornec, C., Papet, L., Levréro, F., Fauchon, C., Patural, H., Reby, D., & Mathevon, N. (2023). Infant cries convey both stable and dynamic information about age and identity. Communications psychology1(1), 26. https://doi.org/10.1038/s44271-023-00022-z
  • Schreibelmayr, S., & Mara, M. (2022). Robot Voices in Daily Life: Vocal Human-Likeness and Application Context as Determinants of User Acceptance. Frontiers in psychology13, 787499. https://doi.org/10.3389/fpsyg.2022.787499
  • Skjegstad, C. (2024). Neural dynamics of processing natural and digital emotional vocalizations. Poster session FNES Forum 2024, retrieved from https://fens2024.abstractserver.com/program/#/details/presentations/4774
  • Wang, Z., Cai, Y., Wang, X., Wu, S., Cao, Y., Xu, F., & Huang, M. (2025). The significance of an infant’s cry: a narrative review of physiological, pathological, and analytical perspectives. Frontiers in pediatrics13, 1558951. https://doi.org/10.3389/fped.2025.1558951

Épisode 3 – La Dysphonie : un mal entendu

Perdre sa voix, ce n’est pas seulement perdre un son.
C’est perdre un lien vital avec le monde. La voix est l’instrument par lequel on s’affirme, on échange, on entre en relation. Sans elle, on se retrouve souvent coupé des autres, enfermé dans un silence involontaire. Cet isolement vocal a des répercussions profondes sur l’identité, la confiance, et l’inclusion sociale (Sheyona & Devadas, 2022; Bickford et al., 2018 ; Crow et al., 2021).

Dans certaines professions, cette fragilité est fréquente. Près d’un·e enseignant·e sur deux connaîtra un trouble vocal au cours de sa carrière (Roy et al., 2004; Hallam et al., 2024 ; Alhefdhi et al., 2025). Cette vulnérabilité s’exprime de manière variable : voix éraillée, fatigue vocale, perte de puissance… parfois jusqu’à une perte de voix prolongée (Cantor Cutiva et al., 2013; Byeon, 2019). Pourtant, perdre sa voix en fin de session ne devrait jamais être considéré comme normal !

Quelle qu’en soit la cause – fonctionnelle, médicale, ou contextuelle -, une voix altérée affecte bien plus que la parole : elle perturbe les interactions, la vie professionnelle, la vie sociale, et peut induire un repli, une incompréhension de l’entourage, voire une détresse psychologique (Setzen et al., 2023; Cohen et al., 2007 ; Misono et al., 2014 ; Castillo-Allendes et al., 2024).

Certaines interventions médicales – comme les chirurgies thyroïdiennes, cardiaques ou cervicales- peuvent entraîner une perte de voix durable. Une paralysie des plis vocaux – le plus souvent unilatérale – peut par exemple survenir lorsque le nerf laryngé est endommagé. La paralysie unilatérale des plis vocaux se manifeste généralement par une voix soufflée, parfois rauque, une diminution de l’intensité vocale, une fatigabilité marquée à la parole et parfois une toux inefficace ou des troubles de la déglutition. Elle entraîne un déséquilibre dans la fermeture glottique, ce qui compromet l’efficacité phonatoire. Sa prise en charge repose souvent sur une rééducation orthophonique ciblée (Kissel et al., 2023) visant notamment à compenser la mobilité réduite du pli vocal paralysé en entrainant le pli vocal opposé à dépasser le plan médian pour venir toucher le pli vocal immobile (Xu et al., 2021). Parfois, une intervention chirurgicale est nécessaire (Kono et al., 2023; Chow et al., 2021; Lahav et al., 2021; Watanabe et al., 2024).

La voix influence aussi la façon dont on est perçu. Des études ont montré que des voix plus graves sont souvent associées à une plus grande compétence, dominance ou autorité, influençant même les préférences électorales (Klofstad et al., 2012 ; O’Connor & Barclay, 2017). Dès un simple «bonjour», nous formons spontanément des impressions de la personnalité de notre interlocuteur selon les caractéristiques vocales (McAleer et al., 2014). Cette influence s’étend également à la perception de l’attractivité, de la santé ou de la fiabilité (Verduyckt & Morsomme, 2020 ; Maltezou-Papastylianou et al., 2025; Petty et al., 2022). En contexte pathologique, une voix jugée altérée peut entraîner des jugements négatifs sur la crédibilité ou la compétence du locuteur (Maltezou-Papastylianou et al., 2025). Une étude montre par exemple que des affirmations triviaires – comme «l’éléphant est le seul mammifère qui ne peut pas sauter» – sont plus souvent jugées ‘définitivement fausses’ lorsqu’elles sont énoncées avec une voix atypique (Schroeder et al., 2023 ; 2024). Les voix dysphoniques féminines sont d’ailleurs évaluées plus négativement que les voix dysphoniques masculines, peu importe l’âge et le sexe de l’auditeur (Amir & Levine-Yundof, 2013).

C’est dire à quel point la voix façonne les liens sociaux et la confiance !

Elle peut même influencer la capacité des étudiant·es à retenir des informations et freiner les apprentissages. Une voix jugée « désagréable », monotone ou altérée peut détourner l’attention, monopoliser les ressources cognitives nécessaires au traitement de nouvelles informations, entraver la concentration et réduire la motivation à apprendre (Schiller et al., 2023 ; Schiller et al., 2024 ; Rogerson & Dodd, 2005). À l’inverse, une voix claire et expressive facilite la compréhension, la mémorisation et le traitement des informations, en stimulant à la fois l’intérêt et l’engagement cognitif (Chui & Ma, 2019 ; da Silva et al., 2023).

Heureusement, l’orthophonie offre des outils puissants aux individus souffrant de troubles de la voix : rééducation du geste vocal, rééquilibrage musculaire, exercices de posture et de respiration, conseils sur l’hygiène vocale… C’est un travail profond, parfois long, mais libérateur. Pour beaucoup, ce processus est aussi une redécouverte de soi : apprendre à parler autrement, à se faire entendre sans se blesser. Mais pour que le changement survienne, il faut écouter les signaux, prendre au sérieux la voix fragile.
Parce que la voix est un instrument précieux, qui nous relie, qui nous rend visibles. Elle reste une voie unique vers l’autre, un vecteur profondément humain d’émotion, d’intention et de partage.

Références citées :

  • Alhefdhi, H., Aldukain, M., Aldukain, A. et al. (2025). Assessing Prevalence, Risk Factors, and Occupational Impact of Voice Disorders Among Teachers: A Population-Based Survey in Aseer Region, Saudi Arabia. Egypt J Otolaryngol, 41, 84. https://doi.org/10.1186/s43163-025-00834-2

  • Amir, O., & Levine-Yundof, R. (2013). Listeners’ attitude toward people with dysphonia. Journal of Voice, 27(4). https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2013.01.015
  • Bickford, J. M., Coveney, J., Baker, J., & Hersh, D. (2018). Self-expression and identity after total laryngectomy: Implications for support. Psycho-oncology, 27(11), 2638–2644. https://doi.org/10.1002/pon.4818
  • Byeon, H. (2019). The Risk Factors Related to Voice Disorder in Teachers: A Systematic Review and Meta-Analysis. Int J Environ Res Public Health, 16(19), 3675. https://doi.org/10.3390/ijerph16193675
  • Cantor Cutiva, L. C., Vogel, I., & Burdorf, A. (2013). Voice disorders in teachers and their associations with work-related factors: a systematic review. Journal of Communication Disorders, 46(2), 143–155. https://doi.org/10.1016/j.jcomdis.2013.01.001
  • Castillo-Allendes, A., Cantor-Cutiva, L. C., Vidal, V., & Hunter, E. J. (2024). Voice as a Working Tool for Teachers: A Qualitative Study of Work-Related Perceptions and Impact. Journal of Voice. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2024.09.021
  • Chow, X. H., Johari, S. F., Rosla, L., Wahab, A. F. A., Azman, M., & Baki, M. M. (2021). Early Transthyrohyoid Injection Laryngoplasty Under Local Anaesthesia in a Single Tertiary Center of Southeast Asia: Multidimensional Voice Outcomes. Turk Arch Otorhinolaryngol, 59(4), 271–281. https://doi.org/10.4274/tao.2021.2021-8-12
  • Chui, J. C., & Ma, E. P. (2019). The Impact of Dysphonic Voices on Children’s Comprehension of Spoken Language. Journal of Voice, 33(5), 801.e7–801.e16. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2018.03.004
  • Cohen, S. M., Dupont, W. D., & Courey, M. S. (2006). Quality-of-life impact of non-neoplastic voice disorders: a meta-analysis. The Annals of Otology, Rhinology, and Laryngology, 115(2), 128–134. https://doi.org/10.1177/000348940611500209
  • Crow, K. M., van Mersbergen, M., & Payne, A. E. (2021). Vocal Congruence: The Voice and the Self Measured by Interoceptive Awareness. Journal of Voice, 35(2), 324.e15–324.e28. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2019.08.027
  • da Silva, K., Ribeiro, V. V., Santos, A. D. N., Almeida, S. B. S., Cruz, P. J. A., & Behlau, M. (2023). Influence of Teachers’ Vocal Quality on Students’ Learning and/or Cognition: A Scoping Review. Journal of Voice. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2023.02.022
  • Hallam, P. R., Hodgman, M., Cantor-Cutiva, L. C., & Hunter, E. J. (2024). Raising the volume on teacher vocal wellness: Perspectives from Practicing School Administrators. AASA Journal of Scholarship and Practice, 21(4), 61-79.
  • Kissel, I., D’haeseleer, E., Meerschman, I., Wackenier, E., & Van Lierde, K. (2023). Clinical Experiences of Speech-Language Pathologists in the Rehabilitation of Unilateral Vocal Fold Paralysis. Journal of Voice. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2023.04.010
  • Klofstad, C. A., Anderson, R. C., & Peters, S. (2012). Sounds like a winner: voice pitch influences perception of leadership capacity in both men and women. Proc Biol Sci, 279(1738), 2698–2704. https://doi.org/10.1098/rspb.2012.0311
  • Kono, T., Tomisato, S., & Ozawa, H. (2023). Effectiveness of vocal fold medialization surgery on the swallowing function of patients with unilateral vocal fold paralysis. Laryngoscope Investig Otolaryngol, 8(4), 1007–1013. https://doi.org/10.1002/lio2.1125
  • Lahav, Y., Malka-Yosef, L., Shapira-Galitz, Y., Cohen, O., Halperin, D., & Shoffel-Havakuk, H. (2021). Vocal Fold Fat Augmentation for Atrophy, Scarring, and Unilateral Paralysis: Long-term Functional Outcomes. Otolaryngol Head Neck Surg, 164(3), 631–638. https://doi.org/10.1177/0194599820947000
  • Maltezou-Papastylianou, C., Scherer, R., & Paulmann, S. (2025). How do voice acoustics affect the perceived trustworthiness of a speaker? A systematic review. Frontiers in Psychology, 16, 1495456. https://doi.org/10.3389/fpsyg.2025.1495456
  • McAleer, P., Todorov, A., & Belin, P. (2014). How do you say ‘hello’? Personality impressions from brief novel voices. PLoS ONE, 9(3), e90779. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0090779
  • Misono, S., Peterson, C. B., Meredith, L., Banks, K., Bandyopadhyay, D., Yueh, B., & Frazier, P. A. (2014). Psychosocial distress in patients presenting with voice concerns. Journal of Voice, 28(6), 753–761. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2014.02.010
  • O’Connor, J. J. M., & Barclay, P. (2017). The influence of voice pitch on perceptions of trustworthiness across social contexts. Evolution and Human Behavior, 38(4), 506–512. https://doi.org/10.1016/j.evolhumbehav.2017.03.001
  • Petty, B. E., Gillespie, A. I., Shelly, S., & Klein, A. M. (2022). Beauty and Attractiveness in the Human Voice. Journal of Voice, 36(4), 507–514. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2020.07.002
  • Rogerson, J., & Dodd, B. (2005). Is there an effect of dysphonic teachers’ voices on children’s processing of spoken language?. Journal of Voice, 19(1), 47–60. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2004.02.007
  • Roy, N., Merrill, R. M., Thibeault, S., Parsa, R. A., Gray, S. D., & Smith, E. M. (2004). Prevalence of voice disorders in teachers and the general population. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 47(2), 281–293. https://doi.org/10.1044/1092-4388(2004/023)
  • Schiller, I. S., Aspöck, L., & Schlittmeier, S. J. (2023). The impact of a speaker’s voice quality on auditory perception and cognition: a behavioral and subjective approach. Frontiers in Psychology, 14, 1243249. https://doi.org/10.3389/fpsyg.2023.1243249
  • Schiller, I. S., Breuer, C., Aspöck, L., et al. (2024). A lecturer’s voice quality and its effect on memory, listening effort, and perception in a VR environment. Scientific Reports, 14, 12407. https://doi.org/10.1038/s41598-024-63097-6
  • Schroeder, S. R., Rembrandt, H. N., May, S., & Freeman, M. R. (2023; 2024). Does having a voice disorder hurt credibility? Journal of Communication Disorders, 87, 106035. https://doi.org/10.1016/j.jcomdis.2020.106035
  • Setzen, S. A., Kollu, T., Uppal, P. A., et al. (2023). Voice Pathologies and the General Population’s Perception. Journal of Voice. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2023.10.002
  • Sheyona, V., & Devadas, U. (2022). The Prevalence and Impact of Voice Problems in Nonprofessional Voice Users: Preliminary Findings. Journal of Voice, 36(3), 383–388. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2020.06.010
  • Verduyckt, I., & Morsomme, D. (2020). Vocal beauty: a mediating variable in the negative stereotyping of dysphonic speakers. Logopedics Phoniatrics Vocology, 45(4), 164–171. https://doi.org/10.1080/14015439.2019.1694697
  • Watanabe, K., Hirano, A., Kobayashi, Y., et al. (2024). Correction: Long-term voice evaluation after arytenoid adduction surgery in patients with unilateral vocal fold paralysis. European Archives of Oto-Rhino-Laryngology, 281(6), 3307. https://doi.org/10.1007/s00405-023-08422-x
  • Xu, X., Zhuang, P., Wilson, A., & Jiang, J. J. (2021). Compensatory Movement of Contralateral Vocal Folds in Patients With Unilateral Vocal Fold Paralysis. Journal of Voice, 35(2), 328.e23–328.e28. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2019.09.010

Épisode 2 – La voix qu’on retient, la voix qu’on libère

Parfois, parler peut devenir un véritable conflit intérieur : un équilibre fragile entre le désir de s’exprimer et la peur d’être entendu (House & Andrews, 1988 ; Baker, 2009). Ce tiraillement psychophysiologique, souvent discret, s’imprime pourtant dans le corps : chez certaines personnes, notamment introverties ou anxieuses, les muscles se tendent avant même que la parole ne sorte (Dietrich & Verdolini Abbott, 2012).

Dans certains cas, ce surcontrôle musculaire autour du larynx peut entraîner une dysphonie de tension musculaire (DTM) (Morrison et al., 1983 ; Van Houtte et al., 2011), soit une voix tendue, serrée, fatigable. Ce trouble découle rarement d’une seule cause. Il résulte plutôt d’un ensemble de facteurs interdépendants — notamment psychologiques, respiratoires, posturaux ou neuromusculaires — qui conduisent à une adaptation motrice. Une fois installée, cette adaptation peut persister, même après la disparition du stress initial (Desjardins et al., 2022).

Selon la théorie des traits de personnalité, le niveau d’extraversion pourrait même influencer le type de trouble vocal développé : les personnes extraverties, qui parlent fort et souvent, seraient plus sujettes à des lésions vocales, tandis que les personnes introverties, qui retiennent davantage leur voix, pourraient être plus à risque de dysphonie de tension musculaire (Roy et al., 2000). Des différences significatives dans l’activité musculaire extra-laryngée ont d’ailleurs été observées entre extraverti·es et introverti·es lors d’une prise de parole en public (Dietrich et al., 2012), et d’autres études confirment un lien entre traits de personnalité et caractéristiques vocales (Vila-Rovira et al., 2024).

Mais si les émotions peuvent inhiber la voix, elles peuvent aussi l’enrichir et la porter. Certaines voix apaisent, rassurent, invitent à la parole et à l’écoute. Leur timbre, leur intensité ou leur hauteur influencent la manière dont nous percevons notre interlocuteur·rice (Menhart et al., 2022 ; McAleer et al., 2014).

Lorsqu’on s’écoute soi-même sur un enregistrement, notre propre voix nous semble étrangère : on ne reconnaît pas le son car notre perception naturelle combine conduction osseuse et conduction aérienne – or, l’enregistrement ne laisse que le son transmis par l’air ! Des études récentes montrent que restaurer la conduction osseuse permet de retrouver sa voix perçue et améliore significativement la reconnaissance de soi, révélant que notre perception vocale est fondamentalement multimodale (Orepic et al., 2023). Au-delà de cette surprise acoustique, notre attitude vis-à-vis de notre propre voix influence profondément notre comportement. L’évaluation que l’on fait de sa voix — agréable ou désagréable, trop aiguë, trop nasale… — a des effets sur la confiance en soi, la présentation de soi et les interactions sociales (Chong et al., 2024).

La voix est bien plus qu’une empreinte personnelle : elle s’ancre dans l’interaction. Dans le dialogue, elle s’adapte, s’accorde, se module à celle de l’autre. Ce phénomène d’ajustement mutuel – ou « vocal alignment » – se manifeste notamment par des variations de l’intensité, de la fréquence fondamentale, du timbre ou du rythme de parole (Natale, 1975 ; Cerda-Oñate et al., 2021 ; Levitan & Hirschberg, 2011)

Aucune voix ne ressemble à une autre : son timbre, son grain, portent l’empreinte singulière de celle ou celui qui la produit. Cette hétérogénéité est une richesse : la diversité vocale humanise, rapproche et valorise les singularités. Apprenons à écouter les voix telles qu’elles sont, avec leurs singularités et leurs fragilités. Célébrons la beauté de la pluralité !

Références citées :

  • Baker, J. (2008). The role of psychogenic and psychosocial factors in the development of functional voice disorders. International Journal of Speech-Language Pathology, 10(4), 210–230. https://doi.org/10.1080/17549500701879661
  • Cerda-Oñate, K., Vega, G. T., & Ordin, M. (2021). Speech rhythm convergence in a dyadic reading task. Speech Communication, 131, 1–12. https://doi.org/10.1016/j.specom.2021.04.003
  • Chong, H. J., Choi, J. H., & Lee, S. S. (2024). Does the Perception of Own Voice Affect Our Behavior?. Journal of Voice, 38(5), 1249.e19–1249.e28. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2022.02.003
  • Desjardins, M., Apfelbach, C., Rubino, M., & Verdolini Abbott, K. (2022). Integrative Review and Framework of Suggested Mechanisms in Primary Muscle Tension Dysphonia. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 65(5), 1867–1893. https://doi.org/10.1044/2022_JSLHR-21-00575
  • Dietrich, M., & Verdolini Abbott, K. (2012). Vocal function in introverts and extraverts during a psychological stress reactivity protocol. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 55(3), 973–987. https://doi.org/10.1044/1092-4388(2011/10-0344)
  • House, A. O., & Andrews, H. B. (1988). Life events and difficulties preceding the onset of functional dysphonia. Journal of Psychosomatic Research, 32(3), 311–319. https://doi.org/10.1016/0022-3999(88)90073-6
  • Levitan, R., & Hirschberg, J. (2011). Measuring acoustic-prosodic entrainment with respect to multiple levels and dimensions. Proceedings of Interspeech 2011, 3081–3084. https://doi.org/10.21437/Interspeech.2011-771
  • McAleer, P., Todorov, A., & Belin, P. (2014). How do you say ‘hello’? Personality impressions from brief novel voices. PLOS ONE, 9(3), e90779. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0090779
  • Menhart, S., & Cummings, J. J. (2022). The Effects of Voice Qualities in Mindfulness Meditation Apps on Enjoyment, Relaxation State, and Perceived Usefulness. Technology, Mind, and Behavior, 3(4: Winter). https://tmb.apaopen.org/pub/pop6taai
  • Morrison, M. D., Rammage, L. A., Belisle, G. M., Pullan, C. B., & Nichol, H. (1983). Muscular tension dysphonia. The Journal of Otolaryngology, 12(5), 302–306.
  • Natale, M. (1975). Convergence of mean vocal intensity in dyadic communication as a function of social desirability. Journal of Personality and Social Psychology, 32(5), 790–804. https://doi.org/10.1037/0022-3514.32.5.790
  • Orepic, P., Kannape, O. A., Faivre, N., & Blanke, O. (2023). Bone conduction facilitates self-other voice discrimination. Royal Society Open Science, 10(2), 221561. https://doi.org/10.1098/rsos.221561
  • Roy, N., & Bless, D. M. (2000). Personality traits and psychological factors in voice pathology: A foundation for future research. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 43(3), 737–748. https://doi.org/10.1044/jslhr.4303.737
  • Van Houtte, E., Van Lierde, K., & Claeys, S. (2011). Pathophysiology and treatment of muscle tension dysphonia: A review of the current knowledge. Journal of Voice, 25(2), 202–207. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2009.10.009
  • Vila-Rovira, J., González-Sanvisens, L., & Valero-Garcia, J. (2024). Relations Between Dysphonia and Personality: An Approximation From Gray’s Theories. Journal of Voice, 38(2), 542.e1–542.e7. https://doi.org/10.1016/j.jvoice.2021.09.037

Épisode 1 – La voix : un visage sonorE

Et si la voix en disait plus que les mots ?

Avant même de parler, nous crions, soupirons, rions. La voix est un geste moteur archaïque, contrôlé par des structures cérébrales évolutivement plus anciennes que la parole et le langage, comme le tronc cérébral, le système limbique, ou la substance grise périaqueducale (Jürgens, 2002 ; Holstege & Subramanian, 2016 ; Dietrich et al., 2019). Produire la voix humaine, c’est coordonner en temps réel près d’une centaine de muscles dédiés à la respiration et à la phonation, avec une précision extrême — un ballet neuromusculaire impliquant le cortex moteur, le cervelet, les ganglions de la base (Ackermann et al., 2014). Ce geste repose notamment sur l’organisation fine du cortex moteur laryngé, dont les connexions vers les régions motrices, émotionnelles et sensorielles permettent à la voix d’être volontaire, affective et contextuelle (Simonyan, 2014).

La voix, c’est un visage sonore.

Quand on entend quelqu’un parler — même sans le voir — le cerveau active non seulement ses aires auditives, mais aussi des zones visuelles liées à la reconnaissance des visages, comme le cortex fusiforme (von Kriegstein et al., 2005). C’est comme si l’on voyait mentalement celui ou celle qui parle ! Cette capacité de la voix à incarner un être, même sans corps visible, est également illustrée dans les œuvres de fiction. Dans le film Her, Samantha, une intelligence artificielle sans corps, est incarnée uniquement par la voix de Scarlett Johansson — une voix suffisante pour créer une identité narrative et affective forte (Saturnino, 2019). A l’inverse, le lien voix-visage est aussi exploité dans le cinéma sous la forme du phénomène de “déliaison vocale”, en créant une dissonance radicale qui trouble : dans certains films d’horreur, par exemple L’Exorciste, la voix d’un personnage (enfant) possédé est doublée par un autre acteur (adulte) pour créer une dissonance dérangeante entre le corps et la voix (Blin, 2018).

Mais la voix est aussi le vecteur d’émotions universelles. Même sans comprendre la langue, nous reconnaissons la joie, la peur ou la tristesse à travers l’intonation et le timbre vocal. Ce phénomène repose sur la prosodie émotionnelle — la mélodie, le rythme, l’intensité de la voix — ainsi que sur des indices de qualité vocale — comme la raucité, le souffle, la tension ou le vibrato. Ces signaux sont traités très rapidement et automatiquement par le cerveau, souvent avant même l’accès au sens des mots (Chronaki et al., 2018 ; Belin et al., 2004 ; Pell & Kotz, 2011).

Écouter une émotion, c’est y réagir corporellement.

Le cortex prémoteur et les systèmes miroirs s’activent quand on perçoit une émotion vocale — comme si le corps s’apprêtait à imiter ou incarner cette voix (Warren et al., 2006 ; Pichon et al., 2008). Cette résonance motrice constitue l’un des mécanismes clés de notre empathie vocale.

Enfin, lorsque nous ressentons du stress — par exemple en anticipant une prise de parole en public — les circuits de la phonation sont influencés par des régions corticales et limbiques, altérant la voix avant même qu’un mot ne soit prononcé. L’activité de l’amygdale, du cortex cingulaire antérieur et de l’insula s’intensifie, modulant le geste vocal dès la préparation (Dietrich et al., 2020).

La voix ne se limite pas à un moyen de transmettre des mots. Derrière chaque voix entendue, un réseau entier du cerveau s’active: pour la comprendre, pour l’imaginer, pour y répondre. La voix humaine est ainsi un miroir sonore, qui déclenche des réponses motrices, émotionnelles et sociales — elle nous connecte les un·es aux autres bien plus profondément que ne le font les mots seuls.
Elle nous révèle, parfois malgré nous, bien avant que le langage ne prenne le relais.

Références citées :